Le 'Paddock-Paradise' - une expérience
> Paddock Paradise : principe et bibliographie
Première expérience, printemps 2007 : Je vais vous faire part de notre expérience : au printemps dernier nous avons décidé de mettre nos poneys (7 poneys du shetland au haflinger) sur paddock-paradise, pour encourager une plus grande quantité de déplacement principalement, avec pour objectifs finaux de meilleurs pieds, aux soles plus concaves, moins d'embonpoint, et moins de problèmes de fourbures ou d'états un peu limites chez ceux qui y sont sujets.
Organisation : Nous avons donc réalisé un paddock-paradise dans un parc pas
très grand, environ 0,7 ha. Le 'chemin' délimité le long des clôtures faisait
environ 6 m de large, formant donc un anneau en périphérie du parc et excluant
donc tout l'intérieur de parc. La clôture extérieure était la clôture du parc
(fil de fer rond, non barbelé, sur trois hauteurs, avec un ruban électrique en
haut) - la clôture intérieure était une clôture électrique en ruban, sur piquets
plastiques de petite taille (90 cm). Deux zones, diamétralement opposées, étaient plus
larges (12 m), sur une longueur d'une vingtaine de mètre, pour laisser des aires
de repos couché. Le sel, l'eau, les différents compléments laissés à disposition
étaient répartis dans ces zones, pour permettre aux individus du bas de la
hiérarchie d'y accéder sans se faire systématiquement houspiller au bout de deux
secondes de consommation.
La surface étant réduite pour le nombre de poneys, et n'étant pas du tout
partante pour les nourrir au foin en été (pour des raisons économiques et de bon
sens, et contrairement à ce que Jaime Jackson préconise) nous avons décidé de
les mettre dans le paddock de 6 h du soir à 10 h du matin, et la journée (donc
de 10 h à 18 h) nous ouvrions le parc situé à l'intérieur du paddock et le parc
voisin soit 2 ha au total.
Le
résultat a été très satisfaisant à mon goût : les pieds se sont sensiblement
modifiés, et ceci très rapidement : soles plus concaves, usure plus importante
nécessitant donc moins de parage - pas l'ombre d'une petite douleur de fourbure
ou ralentissement quelconque - et une meilleure musculature avec des chevaux
plus en forme, plus musclés et moins gros. Il faut préciser que ce printemps a
été très sec, et notre sol argileux était donc très dur, mais sans cailloux.
Dès les premières minutes nous avons pu constater que le simple fait d'être le
long d'une clôture les incitait à se poursuivre le long de cette clôture, donc à
courir.
De plus en raison de l'ouverture quotidienne de tout l'espace pendant 8 h par
jour, il n'y a pas eu trop de pression sur les clôtures, et ils n'ont jamais
essayé de les franchir.
Le seul
bémol est l'entretien nécessaire : tous les matins en les sortant, je
nettoyais le paddock des crottins de la nuit, ce qui représentait environ 20
minutes à 1/2 h de travail, ce n'est pas négligeable. Mais cela m'a paru
indispensable, car le partie 'paddock' est tondue par les chevaux en permanence
comme une moquette rase sur toute la surface (il n'y a plus de refus), et si on
n'enlève pas les crottins, ils mangent dedans et la gestion du parasitisme ne me
paraît pas du tout optimale... j'ai fait un tas des crottins, dans le paddock même, et
les chevaux avaient tendance à faire leurs crottins sur le tas ou à proximité
(les mâles sans doute plutôt).
Cette première phase a duré 3 mois environ, et donc globalement très positive.
Deuxième expérience, été 2007 : Ensuite nous avons changé les chevaux de
parc pour l'été, pour les mettre dans un parc où il y avait quelque chose à
manger, et également de l'ombre et un système de récupération d'eau - j'ai donc
transféré le paddock, mais en faisant l'erreur de mettre d'abord les chevaux
(dans l'urgence !), puis construire le paddock ensuite, de plus j'ai voulu faire
un paddock plus grand mais qu'ils y restent en permanence, et manifestement cela
n'a pas été une bonne idée : dès les premiers jours ils ont pris le pli de
casser la clôture pour aller manger au milieu (il faut dire que les poneys sont
redoutables sur ce point), et tout le programme est tombé à l'eau. Je n'ai
jamais pu récupérer la situation par la suite, j'ai passé mon temps à réparer
les clôtures. J'en ai conclu que la pression sur les clôtures était trop forte
si les chevaux étaient en permanence dans le paddock, ceci bien sûr relativement
à la qualité des clôtures en terme de solidité et de puissance électrique. Par
ailleurs, j'ai été malade et je n'aurais pas été en mesure de gérer les
ramassages de crottins quotidiens. Donc à partir de là, fiasco total, j'ai
laissé le paddock ouvert et électrifié, ce qui ne les empêchait d'ailleurs pas
de défoncer la clôture !
Pour le printemps prochain, je suis décidée à renouveler l'opération,
mais avec l'ouverture quotidienne de 8 h, et en mettant des clôtures plus hautes
dans la parc d'été où ils ont pris l'habitude de ne pas les respecter, cela les
amènera j'espère à reconsidérer leur position... de plus je ferai plus attention
à l'emplacement des ouvertures du paddock par rapport aux portes des parcs, de
façon à laisser aux chevaux des trajets 'logiques' quand le paddock est ouvert,
car l'expérience montre qu'ils ne sont pas très enclins à faire des détours pour
rejoindre les portes. Une autre amélioration pourrait consister à installer des
piquets en bois, en dur, implantés profondément, au niveau des coins, et tous
les 10 piquets environ, de façon qu'il ne soit pas si facile de faire tomber
l'ensemble et d'éviter la décharge électrique.
En hiver, la question ne se pose pas, nos terrains sont très argileux et
le parc où ils passent l'hiver est en fond de vallée, au contraire nous essayons
de leur donner le maximum de surface possible (3 ha) pour qu'ils ne défoncent
pas trop le sol et que cela reste praticable partout.
Aménagements : Nous n'avons fait aucun aménagement de type 'zone dure',
'zone sableuse', 'zone cailloux', 'passage dans l'eau', etc. - trop de travail
et / ou d'investissement pour un premier essai - mais je dois dire que c'était
très concluant sans tous ces aménagements.
Conclusion : En lisant Jaime Jackson et en discutant avec les praticiens
AANHCP, je me rends compte que très peu de gens ont testé le dispositif pour
l'instant, donc tout reste à préciser, à inventer, et à adapter.
Je dirais que Jaime Jackson a eu une idée de génie et impulsé quelque chose qui
je l'espère deviendra un jour la norme - cependant il a sans doute sous-estimé
le travail et l'investissement que cela demande : pour tout mettre en paddock,
il faut installer des centaines de mètre voire des kilomètres de clôture, c'est
un investissement important - plus le paddock est grand, plus le travail
quotidien de nettoyage est long. Bref, pour construire le paddock des rêves de J
Jackson, il faut être fortuné et avoir du personnel - je pense qu'on peut
aménager quelque chose de très efficace, et à bien moindre frais, c'est ce que
nous avons essayé de faire, et nous continuerons en 2008. Puis nous
travaillerons chaque année à l'amélioration progressive du dispositif. Mais il
est déjà très efficace sans grand investissement.
Si vous avez des expériences à partager dans ce domaine, elles seront bienvenues !