La récompense alimentaire : pour ou contre ?
Vaste sujet, éternelle source de
polémique entre les gagas qui ont toujours les fonds de poches pleins de sucre
en poudre et les dragons qui affirment ‘mon cheval n’a jamais eu une récompense
alimentaire, et il est très bien dressé et heureux’. Gagas contre dragons...
Et si nous essayons de voir le point de vue du cheval ?
Qu’est ce qui
a un sens pour un cheval, parmi ce que son cavalier lui offre ?
C’est par exemple :
Ce qui le ramène aux soins dont sa mère l’a gratifié et dont ses copains sont susceptibles de le gratifier encore une fois adulte
Ce qui le ramène aux relations hiérarchiques, lui fournissant protection et encadrement ou privilèges
Chez le carnivore, la relation de nourrissage dure jusqu’à ce que l’animal soit autonome pour la chasse, donc quasiment jusqu’à l’âge adulte, et elle peut se poursuivre plus tard, comme chez les chats où elle dure toute la vie : entre amis, on s’offre des souris (c’est pour cela que votre chat vous ramène fièrement le produit de sa chasse – mais je m’égare). On peut donc imaginer que le fait de nourrir un carnivore vous identifie donc immédiatement à la mère ou à l'ami.
Manger évidemment a un sens
aussi pour le cheval. Mais comme pour tous les herbivores, jamais sa mère
ne lui a plus donné à manger depuis le sevrage, et jamais ni ses copains, même
les meilleurs, ni ses dominants, ne lui ont donné à manger. Le cheval est
généralement gourmant, mais il y a fort à parier que le fait de lui donner à
manger ne flatte que sa gourmandise (son instinct de survie) et n’éveille
aucun autre sentiment chez lui. Bien sûr, c’est déjà un point très positif si le
cheval associe son cavalier avec du plaisir, et cela peut faciliter des
apprentissages, mais le cheval sera dans ce cas plus attentif à la carotte qu’au
travail et il faudra un jour se passer de carotte pour que cela reste vivable.
Mais si en plus on peut faire entrer la relation autour de l’aliment dans un
cadre qui situe le cavalier là où il veut être, c’est à dire comme 'chef bien
aimé', on cherche autre chose.
Emmener
son cheval brouter ailleurs a une toute
autre signification pour le cheval : le bon leader à qui il peut se fier
l’emmènerait, lui aussi, trouver les bonnes parcelles, comme l’explique très
bien Emile Brager dans ‘Techniques du voyage à cheval’.
Mais il n’y a pas de possibilité d’utiliser ce plaisir comme
récompense : la récompense doit être immédiate pour avoir une efficacité
comme renforcement d’apprentissage. On ne peut pas se précipiter sur un carré
d’herbe dans la seconde qui suit une réussite.
Alors qu’est ce qui constitue une récompense pour un cheval dans le travail ?
La tranquillité, le fait de se tenir dans sa proximité sans rien lui demander et sans qu’il se passe quoi que ce soit de stressant. Dans un premier temps, s'arrêter de travailler et rester à ne rien faire avec son cheval, quand il a réussi dans un apprentissage. A un stade plus avancé, pour le cavalier, la meilleure récompense à donner à son cheval est donc tout simplement la cession des aides. Pat Parelli parle très bien de cet aspect de la relation.